Poèmes de Jean-Christophe Fadot

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Alors, j’ai commencé à écrire des poèmes relativement tôt.

Dans cette vie.

Par ce qu’avant celle-ci, j’en écrivais sûrement ! En fait, je pense que j’ai toujours aimé la poésie, dan cette vie, comme dans la précédente.

La poésie, c’est – pour moi en tout cas – un exercice, une pratique, une sorte d’état d’esprit aussi, qui consiste à choisir des mots pour exprimer en une fois une idée, la beauté et la vie.

Autrement dit, des mots pour dire un sens, une musique, un rythme. En une fois.

Par exemple : “J’ai vécu plus souvent que mes yeux ne me disent,” ferait probablement un début de poème acceptable.

Pourquoi ?

Et bien, parce qu’il y a une idée : celle que la succession de nos vies, à travers ce qu’on pourrait appeler le processus de la réincarnation, n’est pas complètement présente à notre mémoire.

On a beau vivre souvent, on s’en souvient rarement.

Par exemple, même si on a une vague idée de ce qu’a pu être notre précédente incarnation, ou si on a un lien fort avec une vie passée en Italie, en Inde, au Japon, etc., enfin dans un pays dont on n’est plus un citoyen, vu que c’était notre pays dans une vie précédente, ce n’est pas pour autant qu’on va tout se rappeler en détail, n’est ce pas ?

D’ailleurs, est-ce qu’on se rappelle bien de ce qui s’est passé, disons, il y a trois jours ? Pas vraiment en fait !

Globalement, oui, on sait très bien où on était, en gros ce qui s’est passé il y a trois jours, mais en détail, …

Alors, il y a trois vies de ça, bon …

Donc, c’est normal.

Et c’est ça que ce poème, ce vers en tout cas, commence à dire :

” J’ai vécu plus souvent que mes yeux ne me disent,”

Il y a une idée derrière ce vers, un sens en tout cas, celle que la mémoire des vies passées est faible, mais il y a aussi une musique, une émotion.

Enfin, un début d’émotion, une sorte de soupir : “Ah, j’ai vécu longtemps, en tant qu’âme, et hélas, je ne m’en souviens pas vraiment,

Bou, ouh !..

Cette émotion, c’est celle d’une certaine nostalgie, le regret de ne pas avoir la mémoire de ces vies.

En fait, on sent à travers ce premier vers que l’auteur va essayer de nous emmener dans un pays lointain, celui de nos vies passées !

Et on pressent que ce voyage auquel il nous convie par ce début du poème va être nôtre.

On devine qu’à travers l’exposé de ses souvenirs de vies, ce sont nos propres vies, nos propres souvenirs, que nous allons traverser un peu, commencer à redécouvrir…

C’est ça l’émotion, la musique : un parcours, un voyage.

Et qu’est d’autre la musique ? La musique est toujours un voyage, celui de l’âme.

Quelle que soit la musique – afro-beat, hip-hop, pop, Bach, baroque, ou tout autre – la musique nous fait voyager !

Toujours, où qu’on soit, dans une voiture, un bus, entre les deux oreilles de notre casque, devant YouTube ou Soundcloud, ou Spotify, écouter une musique, c’est partir dans le voyage qu’elle raconte, dans son pays, dans son histoire.

Alors, est-ce qu’il y a un rythme dans ce petit vers ?

Tout à fait. Voilà : quand tu écris, ou lis, ou entend : ” J’ai vécu plus souvent que mes yeux ne me disent,” pour donner une image, tu es dans un train, et tu entends :

Ta da da, ta da da, ta da da.

Etc.

Ta da da : “J’ai vécu”

Ta da da : “Plus souvent”

Ta da da : “Que mes yeux”

etc.

Bref, c’est ternaire, 1 2 3, 1 2 3, 1 2 3, ça court sur un chemin entre les Rocheuses et l’Utah, entre Utah et Inde, entre Inde et Mijanès,

Mijanès, c’est dans les Pyrénées, en France. C’était peut-être mon pays, quand j’étais Cathare. Cathare, c’est à dire Bogomil. A l’époque, on était souvent les deux ! Les Bogomils, ils avaient été chassés de Bulgarie, parce qu’ils n’allaient plus à l’Eglise.

Alors, ils sont allés dans l’église de la nature, où on les accueillait, vers l’ouest. Là où on les accueillait ou toléraient ! Souvent, ils se sont installés dans les écarts incultes ou sur les hauteurs de villages, et c’est dans les Pyrénées que leur implantation a été la plus durable.

Là, ils ont apporté leur culture, leurs chants, leurs cultures, et c’est ainsi que dans tout le sud-ouest de la France actuelle, en quelques générations s’est créée la culture Cathare.

En somme, “J’ai vécu plus souvent que mes yeux ne me disent,” c’est une chanson qui court avec vous sur le chemin d’une vie, la vôtre.

Votre vie, votre vraie vie, celle qui dure, et qui est beaucoup plus longue que le soupir d’une brève vie, autrement dit d’une “incarnation”.

Car elles le sont toutes, ces vies, ces “incarnations” : chaque journée est longue, mais toute vie est brève, et il faut pour s’en apercevoir, arriver au terme de l’une d’entre elles : tout est passé si vite, en somme.

Bon, c’est vrai que “incarnation” raaaf, c’est pas très musical, comme mot. Vie, c’est plus joli, c’est vrai. Mais un peu inexact. La vie, notre vraie vie, ça dure beaucoup plus longtemps que ce qu’on appelle une vie.

En fait, ça s’arrêtera même jamais.

Donc brèves sont nos vies !

Quand bien même une journée soit longue à n’en plus finir, ou riche à l’infini de rencontres, d’émotions, etc.

Quand bien même une heure soit infiniment intense, belle, ou tristement cruelle, toute vie en somme est immense, mais à la fin, tourne-vire, à la fin d’une journée, ou d’une vie, bon, on se dit :“Ah, ben déjà, tiens, finalement !”

Et oui, c’est déjà l’heure, camarade !

Pourtant, aussi brève que soit une vie, toute heure compte, alors gardons nos heures ! Précieusement. Gardons nos heures, une vie à la fois, si unique, si extraordinairement essentielle. Une vie, une journée, une heure même, c’est si infiniment précieux !..

Donc, camarade, écris ta vie,

Une journée à la fois, une ligne à la fois, un poème à la fois !

Compose ta vie !

Jean-Christophe Fadot,

20 janvier 2020.

Tout de suite : “Salomon et les sept métaux des mers”

Un de mes poèmes préférés .

Celui-ci, sur un buisson en fleurs, sur le bord d’un chemin sur lequel je roulais, évitant les creux.