Wesakh 2023

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Wesakh 2023

*

Au début de la route
Le soleil s’était levé
Dans une robe immense et pâle ;
Orange était l’heure

Où les bleus disaient l’indigo de l’or.
C’est vrai, j’avais bu
Le sang des étoiles
De mes narines larges

Et de mes yeux, deux, peut-être trois !
Que voulez-vous, il était l’heure,
La route s’annonçait longue,
Il fallait partir, j’avais seize ans !

Demain, cinquante années auront vécu
Depuis cette heure où je suis né
Au printemps d’Omraam et de sa voix
Qui disaient Fraternité, soleil, univers…

En ai-je bues, en ai-je eues,
De ces heures bleuies d’or acacia
Et des diamants que cinq-heures disaient
Dans le mistral de l’été ?

Ô Bonfin sur mon chemin
Où le sable d’Edgar en Virginie
Jamais vraiment ne retombait
Dans la brume d’un atlantique océan…

J’ai saisi les falaises du Tibet
Qui jamais, elles, ne glissaient,
Vivant dans le fort près Kailash,
Ecrivant des poèmes

Que jamais personne ne lut,
Dans l’encre de Milarépa
Ma plume trempée se relevait,
Verte des forêts et des plantes, vivantes…

Suis-je revenu sur le plateau Ute,
Ô mon pays rouge
Sous le ciel immense, infini
Était le temps des jours, des plaines et des ruisseaux !..

Puis j’ai vécu, assis, dans l’Amérique
Ancienne, soulevant le temps des siècles
Dans la roche que les années millénaires
Avaient enfoui sous l’eau.

Maintenant, j’ai assez vécu pour voir
L’Ukraine écrire au monde
L’histoire ancienne des révoltés
Qui ne veulent d’empires,

Que cette histoire est triste,
Toutes les guerres deux fois le sont,
Chacun met Dieu à son drapeau,
Mais Dieu regarde et ne dit mot !..

Les mots, sa femme les garde
Pour les jours où l’on rapprendra
À dire ensemble, à respecter
La vie, la terre, l’autre : qu’est-elle ? Nous-mêmes.

Dans ma Syrie, j’errais,
Cherchant ma belle, où étais-tu
En-allée, Nefer, ô ma Nefer,
D’autres l’avaient privée de vie,

Dans ce monde, oui, dans l’autre, nous parlions.
Je glisse tête en bas, d’étoile en étoile,
On marche ainsi plus vite,
Tissant la toile où tout danse !

Dans les montagnes bleues
Des Appalaches, je vois encore
L’aube, bleue, si près, si loin,
La brume glisse, le jour se lève ;

Dans ma Russie, je danse encore
Entre Moscou et Petersburg,
Au plat pays des steppes lentes
Près les forêts rondes comme le sont les arbres,

Si plat qu’espérer veut dire lever ta tête !
Dans le Japon, j’écrivais mes poèmes dessinés
D’or, d’orange et du bleu que les princes
Disaient chercher, ne trouvaient pas,

Moi je l’avais, pauvre, oui, mais riche
De l’encre écrivant d’elle-même ce
Que le ciel racontait,
Que ma beauté chantait ;

Or quand elle chantait, que voulez-vous,
Qu’auriez-vous pu entendre ou avoir
D’autre que vous n’ayez ?
L’or que l’on boit est le seul que l’on ait.

Je marche sur la route bleue
Que des diamants parsèment,
Dans la nuit provençale,
Il est six heures l’aube commence,

Dans les monts himalayens,
Si près, si loin, les âmes belles sont assemblées ;
Au Wesakh, que font-elles, que sont-elles ?

Ce que tout être peut : aimer le beau, le bien, le juste.

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Retrouvez “Wesakh 2023” sous forme musicale, 3’26, sur ma page Souncloud : https://on.soundcloud.com/c8B9g !